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Tout Rousseau en numérique

juin 27, 2012

Les éditions Slatkine et Honoré Champion ont présenté hier la monumentale édition des oeuvres complètes de Jean-Jacques Rousseau dans la maison natale du philosophe dans la vieille ville à Genève. Ce fut un évènement haut en couleur et en érudition. A cette occasion, j’ai présenté les grands principes de fonctionnement de la version numérique de ces oeuvres complètes, dont les éditions Slatkine nous ont fait l’honneur de nous confier la conception et la réalisation.

La mise en scène se prêtait bien à mon propos. J’avais en face de moi, sur une table basse, les imposants 24 volumes de l’édition papier et je présentais l’édition numérique sur un fin écran suspendu par deux fils au plafond. La question était donc : Comment faire rentrer un si imposant volume dans une si fine surface ?

Un monument de papier est par essence en trois dimensions. On peut le visiter comme un lieu. Nos repères et habitudes pour la navigation spatio-temporelle sont opérants. Selon l’échelle de la métaphore choisie, chaque volume est la pièce d’un appartement ou une ville d’un pays.

Sur une surface sans épaisseur, nous devons inventer des artifices supplémentaires pour compenser cette troisième dimension  tout d’un coup manquante. Voici quelques unes des idées, développées en particulier par notre designer Gael Paccard,  que nous explorons dans cette réalisation.

1. Des menus proportionnels aux contenus auxquels ils donnent accès

Sur une interface informatique classique, les menus hiérarchiques sont souvent identiques quel que soit la quantité de contenus auxquels ils donnent accès. Une des particularités de cette nouvelle édition des oeuvres complètes de Rousseau est qu’elle fait la part belle à des pans entiers de l’oeuvre du philosophe sur lesquels les éditions précédentes n’avaient pas porté autant d’attention. Les 2400 lettres occupent 7 volumes, les écrits sur la musique plus de 1500 pages. La nouvelle importance relative de ces différentes sections se perçoit d’un coup d’oeil sur l’édition papier, mais risquait de disparaitre dans la version numérique.

Nous avons donc choisi d’utiliser pour la navigation hiérarchique des menus verticaux, dont la hauteur de chaque section est proportionnelle au nombre de pages auxquelles elles donnent accès. L’utilisateur sait déjà mieux ce qui l’attend derrière chaque clic. Cette solution a également l’avantage de donner un profil visuel aux oeuvres complètes dans leur ensemble. Nous rappelons ce profil en permanence à gauche de l’interface de manière à permettre une navigation agile depuis n’importe quelle partie de l’oeuvre, vers n’importe quelle autre.

2. Des barres de navigation indiquant la densité textuelle des pages

Un problème similaire de navigation se pose au sein d’un livre donné. Les ascenseurs/sliders de navigation tels qu’ils sont utilisés dans certaines liseuses ne donnent qu’une information très pauvre visuellement. L’utilisateur voit simplement sa position relative par rapport au début et à la fin du livre. Nous avions introduit dès nos premiers Bookapps sur iPad, un procédé visuel simple et efficace en proposant des barres de navigations sous la forme d’histogrammes dans lesquels chaque page d’un livre est représentée par le nombre de mots qu’elle contient. Cette représentation, fine et dense (qui plairait sans doute assez à Edward Tufte pour cette raison), permet de voir synthétiquement les différentes structures du livre (changement de chapitre, passages avec illustrations, zones de notes) en les identifiant par leur densité textuelle relative. Maintenant que nos yeux sont informés, notre dextérité est suffisante pour placer le curseur où nous le souhaitons.

3. De nouvelles manières de circuler

Notre interface propose un moteur de recherche un peu particulier. Lorsque vous tapez « Luxembourg », vous trouverez bien sûr l’ensemble des pages où ce mot est présent, chacune présentée par un petit extrait donnant le contexte d’apparition du mot. Ces extraits sont regroupés par oeuvre. Vous pouvez à loisir effectuer cette recherche sur le livre que vous êtes en train de consulter, sur le thème auquel il appartient (par exemple « Confessions et documents autobiographiques ») ou sur l’ensemble des oeuvres complètes.

Au-dessus des résultats de recherche, vous trouverez également les noms des personnes mentionnés dans les oeuvres complètes qui correspondent au mot cherché, en l’occurrence ici, Charles-Francois-Frédéric de Montmorency-Luxembourg, maréchal-duc de Luxembourg et Madeline-Angélique, duchesse de Luxembourg. En choisissant un de ces deux noms, vous arrivez sur une page qui présente l’ensemble des apparitions de cette personne dans l’oeuvre de Rousseau, mais également le réseau social des personnes qui lui sont associées. Ce réseau est construit en calculant les cooccurrences (sur une mêmes page) de cette personne avec les autres personnes citées par Rousseau. Si deux personnes apparaissent ensemble sur plus de 5 pages dans toute l’oeuvre nous considérons qu’un lien les unit. Le maréchal du Luxembourg apparait par exemple très souvent avec sa femme la duchesse, mais aussi avec Louis de Neufville, duc de Villeroy. Pour comprendre le lien qui unit ces deux personnes, l’interface vous permet d’afficher les pages où elles apparaissent effectivement ensemble. Ce principe simple de navigation montre que se cache dans l’oeuvre de Rousseau un véritable « Facebook » du XVIIIe siècle. Notre interface se contente de l’expliciter.

4. Une ressource facilement citable

Étant donné que cette nouvelle édition est à ce jour la plus complète ressource disponible sur le philosophe, il nous semblait important qu’elle puisse être utilisée comme une ressource pour toutes les études futures de Rousseau publié sur le web. Chaque page de l’oeuvre est associée à une URL unique qui permet d’y faire référence dans un article, un email, un tweet, etc. La consultation de l’oeuvre est ensuite gratuite pendant 5 minutes, un temps suffisant pour prendre connaissance du passage en question. Pour une lecture plus longue ou une exploration plus vaste de cette édition, il faudra s’acquitter d’un droit d’accès avec une formule pour les particuliers et une formule pour les institutions.

Cette édition électronique sera disponible à la rentrée prochaine, mais il aurait été dommage de ne pas l’annoncer alors que « le citoyen de Genève » fête ce 28 juin ses 300 ans.

Le Livre des Livres

juillet 26, 2010

En week-end chez des amis au Tessin, je suis tombé par hasard en furetant dans leur bibliothèque sur un recueil de nouvelles de Borges que j’avais déjà lu il y a plusieurs années. Son actualité par rapport aux enjeux actuels du livre numérique m’a frappé.

Un homme blond et âgé frappe à la porte du narrateur pour lui vendre des bibles. Le narrateur n’est pas intéressé, des bibles, il en a déjà beaucoup.  Le vendeur ouvre alors sa valise et pose sur la table un grand volume relié en toile. Le narrateur le soupèse, son poids est insolite. Il ouvre une page au hasard et découvre un texte dans une langue inconnue, imprimé en deux colonnes. Les lignes sont serrées, les mots disposés en versets. La page de gauche porte le numéro 40514, en chiffre arabe,. Mais étrangement sur la page de droite est inscrit 999.  Sur la page suivante c’est un numéro à 8 chiffres. On y voit une petite illustration : une ancre dessinée à la plume.

Le vendeur de livre prévient « Regardez-là bien. Vous ne la verrez jamais plus » .

Le narrateur ferme le volume en repérant au mieux la page qu’il vient de consulter et le ré-ouvre aussitôt et effectivement, il est incapable de retrouver la page avec la petite ancre.

Le vendeur explique qu’il a acheté ce volume à un indien qui ne savait pas lire. Son possesseur l’appelait le livre de sable car « ni ce livre ni le sable n’ont de commencement ni de fin ». Lui l’appelle le « Livre des Livres ».

Le narrateur tente d’ouvrir le livre à la première page. Impossible. Il reste toujours des feuilles entre la couverture et son pouce. Impossible non plus d’atteindre la dernière page.

Finalement, le narrateur fasciné décide d’acheter le mystérieux volume. Il le dissimule dans sa bibliothèque mais dès la première nuit il ne trouve pas le sommeil. Vers 3h du matin, il reprend le livre et commence à le feuilleter. De page en page, ils découvrent d’autres textes, d’autres images. Le livre semble effectivement inépuisable.

Le narrateur décide de ne montrer et ni de ne parler de son trésor à personne. La nuit, lorsqu’insomniaque, il n’est pas en train de lire, il rêve du livre. Il en est devenu prisonnier. Il songe à le brûler, mais la combustion d’un livre infini ne risquerait-elle pas d’asphyxier la planète par sa fumée ?

Alors, conscient qu’il doit se séparer de ce livre monstrueux, il choisit un jour d’ « oublier » le livre dans un des rayons de la Bibliothèque nationale. Profitant d’une inattention des employés, il le laisse là sur une étagère au hasard, en s’efforçant de ne pas regarder où précisément il le dépose. Et depuis ce jour, il évite consciencieusement de passer dans cette rue.

Comme bien d’autres nouvelles de Borgès, « Le livre de sable » me trouble par son apparente pre-science. Borges concentre sur quelques pages et avec l’économie de moyen qui caractérise son style, un nœud de questions qui me semblent être au cœur des transformations que connaît aujourd’hui le livre.

Essayons d’y voir plus clair. « Le livre de sable » prolonge le thème que Borgès avait exploré dans la Bibliothèque de Babel, un lieu qui contiendrait tous les livres. La transition de la bibliothèque au livre n’est pas si dérangeante, car finalement les livres sont biens des lieux. Ils organisent physiquement les pages dans l’espace comme la bibliothèque dispose les livres en étagères et rayons. Le livre, comme le bibliothèque, est avant tout un un classeur : il rassemble, regroupe, étiquette, organise. Et  le livre, comme la bibliothèque, propose divers manière de naviguer dans les documents qu’il organise, tables des matières, notes, bibliographies, index

On sait également depuis l’Encyclopédie de Diderot de d’Alembert que le livre, malgré son évidente finitude, peut avoir l’ambition de l’exhaustivité. Le fait que compiler sous forme de texte et d’image le savoir de toutes les sciences et les techniques soit une ambition jamais atteignable, n’empêche pas de perpétuellement la poursuivre. L’Encyclopedie comme projet ou processus se pense comme une quête toujours en cours. Elle n’est jamais finie, toujours à reprendre, en perpétuel chantier. Comme le sable, elle n’a « ni commencement ni fin ».  Un livre qui contiendrait tous les livres n’est finalement pas une idée si extravagante. C’est le projet effectivement entrepris dès le XVIIIe siècle d’un livre toujours en mouvement.

En ce début du XXIe siècle, loin d’être un utopie, plusieurs projets internationaux (Google Books, Gallica, etc.) œuvrent à la construction effective d’un livre qui contiendrait tous les livres ou plus précisément qui serait en permanence en train de les intégrer en son sein. Les interfaces de lecture vers cet immense et unique livre sont pour l’instant bien frustres, limitées à une fenêtre sur un ordinateur, et paradoxalement peu propices à la lecture.  Mais on peut sans crainte affirmer que les manières de lire ce livre des livres font se diversifier et s’enrichir. Peut-être d’ailleurs prendront-elles la forme d’un livre physique, feuilletable, comme l’objet de la nouvelle de Borges ?

Comme le pressentait Borges, la question centrale et fascinante autour de ce livre des livres n’est pas tant la manière dont il pourrait effectivement contenir tous les autres livres (problème d’ailleurs éludé dans la nouvelle) mais comment il pourrait organiser ce contenu potentiellement infini. A quoi ressemblerait les parties, les chapitres et en premier lieu les numéros de pages de ce livre des livres. Derrière l’interrogation théorique et littéraire se cache un véritable enjeu pratique.

J’aime moi-même du réfléchir à cette question en lançant l’an dernier le projet Bookstrapping, dont l’ambition est de pouvoir accueillir les commentaires sur les pages de n’importe quel livre. Il fallait trouver un moyen simple de faire références à la page d’un autre livre, c’est à dire inventer une manière de donner un numéro de page unique à n’importe quel page de n’importe quel livre. Comme s’il n’y avait en fait plus qu’un seul grand livre qui les contiendrait tous…

Les livres publiés sont aujourd’hui identifiés selon une convention internationale par un numéro ISBN. Le couple ISBN et numéro de page indique donc sans amiguité, une page unique d’un livre. Par exemple l’édition folio du « Livre de Sable »  de Borges porte le numéro 978207037618. La page 140 de ce livre (où le vendeur explique l’origine du nom « Livre de Sable » ) pourrait recevoir un numéro de page unique 978207037618-140 qui identifierait parmi toutes les autres pages de tous les autres livres. Seulement voilà, c’est un bien grand nombre.

Nous avons donc réfléchis à la manière de raccourcir cet identifiant. C’est un problème classique en informatique et de multiples stratégies pour recoder un espace large vers un espace plus compact peuvent être envisagées. On peut par exemple déjà encoder le numéro de page dans une « base » de dimension supérieure à 10 en n’utilisant par exemple seulement les chiffres, mais aussi les lettres, majuscules et/ou minuscules, voir d’autres signes particuliers. L’utilisation d’un grand nombre de symboles différents peut cependant poser problème. Le numéro de page devient court, mais potentiellement difficile à lire et à écrire. Nous avons donc choisi le compromis de n’utiliser que des chiffres et des lettres minuscules.

Pour réduire encore la longueur du numéro de page, nous avons développé une approche basée sur une table de correspondance simple dans laquelle les numéros de pages sont « alloués » dans l’ordre de leur utilisation. A partir de l’ISBN et du numéro de page, notre algorithme peut assigner ainsi un identifiant unique, court, facile à reconnaître et à écrire. Nous appelons cet identifiant le hash number (HN) de la page. Inversement nous pouvons évidemment étendre un hash number pour retrouver l’ISBN et le numéro de page correspondant.

Nous avons installé un serveur, book.hn, qui fait ce travail de correspondance.  Par exemple, la page http://book.hn/7sus redirige ainsi directement vers la page correspondant à la page 140 du livre de sable sur le site Bookstrapping. Peux-être un jour imprimerons-nous deux numéros de page sur chaque page d’un livre ? L’un indiquerait sa place dans ce livre particulier, l’autre son identifiant dans le Livre des Livres.

Qu’est ce qui, dans la nouvelle de Borges, rend le livre des livres monstrueux ? Est-ce son contenu virtuellement infini qui aspire la curiosité du narrateur jusqu’à l’en faire perdre le sommeil ? Ou est-ce son absence apparente de logique interne, l’impossibilité de retrouver une page consultée ? Autrement dit, est-ce qu’un livre des livres indexé, étiqueté, documenté cesserait d’être monstrueux ?

Nous le saurons sans doute un jour car le Livre des Livres pourrait devenir d’une manière ou d’une autre une réalité. Nous aurons peut-être un jour la possibilité d’accéder à tous les livres du monde par l’intermédiaire au moyen d’une interface de lecture unique. Il est trop tôt pour dire quel sera le modèle économique de ce metalivre, qui en seront les acteurs principaux, mais de la même manière que la technologie nous amène progressivement à ne considérer qu’un seul grand ordinateur planétaire, il ne devrait y avoir au final qu’un seul livre les contenant tous… un livre en perpétuel expansion, toujours en chantier, sans début ni fin…

Lire / Lier : les deux temps du lecteur

juin 14, 2010

La lecture passionnante des billets croisés de Karl Dubost, de Francois Bon et d’ Hubert Guillaud, sur la manière dont chaque page d’un livre nous conduit à faire des liens, à chercher encore, à ouvrir un autre livre m’encourage à tenter de faire le point sur cette question qui me préoccupe beaucoup en ce moment.

Dans plusieurs de mes interventions récentes j’ai insisté sur le fait que l’erreur la plus commune par rapport à la lecture est de la considérer comme un processus unique. La « lecture » ça n’existe pas. Il y a une famille de comportements qui extérieurement se ressemblent est que nous appelons lire. Mais lorsque nous « lisons » un roman, un essai, un livre d’art, un magazine, une bande dessinée, un guide de voyage, un mode d’emploi ou un dictionnaire … nos yeux, nos mains et nos pensées font des danses bien différentes. Nous lisons les uns linéairement, les autres hiérarchiquement. Nous les tenons à une mains ou à deux… bref dire que ces mouvements du corps et de l’esprit ne sont qu’un seul et même comportement et aussi simplificateur que d’assimiler tous les sports olympiques à une seule et même catégorie : « des gens qui s’agitent ».

C’est donc une grande variété de comportements sensorimoteurs qui se cache derrière le verbe « lire ». Paradoxalement ce qui fait peut-être l’unité de la lecture, c’est le moment où nous levons, ne serait-ce que pour quelques instants, les yeux de la page ou de l’écran pour marquer une pause. C’est dans cet entre deux, dans cette interruption du flux, que nous cessons de lire pour commencer à lier. Les mots juste lus en évoquent d’autres. Les images s’associent. Nous nous rappelons, nous tentons d’imaginer. L’espace d’un instant nous ne sommes plus dans le texte, nous sommes « au dessus ».

Il n’est pas impossible qu’un des plaisirs premiers de la lecture se situe dans cet entre deux, dans ce moment indécis ou nous hésitons à revenir dans le flux ou à prolonger encore quelques instant la rêverie ou les réflexions qu’il a provoqué. C’est à ce moment précis où certains d’entre nous ressentent l’impétieux besoin de surligner, d’annoter, de commenter pour garder trace de cet état que nous savons éphémère. Nous savons que de revenir dans le texte pourrait partiellement nous faire oublier, comme le matin chasse le rêve de la nuit.

Les notes et les autres traces que nous laissons avant de reprendre le fil de la lecture sont nos meilleures portes d’entrées pour comprendre ce qui se passe dans ces moments suspendus. Dans la lecture traditionnelle, cette activité reste privée, secrète et donc pour l’essentiel encore inconnue. Une des ambitions du projet bookstrapping est de fournir une plateforme pour partager ces commentaires associés à une page ou un passage que nous venons de lire. Il n’y a pas de doute que seule fait de rendre publique ces impressions de lecture transforme le processus de prise de notes lui-même. Néanmoins, la variété des commentaires déjà postés sur bookstrapping nous montre un premier échantillonnage de ces liaisons.

Prenons quelques exemples tirés des réactions à mon propre livre « la métamorphose des objets ». Ici un de mes lecteurs s’interroge sur un argument (on ne s’attache pas aux objets électroniques) qu’il juge contradictoire avec certaines pratiques qui lui reviennent en mémoire (les marchés aux puces de vieux ordinateurs). Quelques pages plus tard, un autre lecteur se rappelle que la position de Bernard Stiegler sur le Cloud Computing contraste quelque peu avec la mienne et retrouve la référence du texte correspondant. Un peu plus loin, un troisième lecteur s’interroge la pertinence du nouveau modèle de production des objets que je décris quand le moteur économique est avant tout dirigé par le désir d’objets nouveaux. Chacune de ces remarques est le début d’une conversation.

Liaison avec une pratique, liaison avec un autre texte, liaison avec un autre raisonnement, il faudrait construire une ontologie des mille et unes manières de lier quand nous cessons de lire. D’une manière générale comprendre cet « entre deux » est un des enjeux majeur pour fournir créer les interfaces de lecture véritablement pertinentes. Nous avons récemment entamé de produire des livres-applications, les « bookapps », dont l’ambition est de fournir les outils adéquats pour partager ces associations, ces réflexions et ces nouvelles pistes que le texte induit. L’enjeu est de donner corps à ce metalivre, selon l’expression d’Hubert Guillaud, que nous construisons au fur et à mesure que nous lisons, fait des liens que le lecteur tisse au contact des mots de l’auteur. Ce n’est évidemment qu’un début et je serais intéressé par recueillir des réactions sur le type d’outils qui pourrait être pertinents pour explorer un entrelacement optimal entre lire et lier.